Vendredi 2 décembre 2016, le Capitaine honoraire de Sapeurs-Pompiers André Servières a été mis à l'honneur.
Il se trouve que cette date choisie au hasard du calendrier coïncide avec celles des 2 Décembre 1804 et 1805 qui représentent le sacre de l'empereur Napoléon 1er et sa victoire à Auterlitz. Pour ce qui le concerne, il devient récipiendaire de l'insigne de Chevallier de la Légion d'Honneur, cette haute distinction voulue par l'empereur, et destinée à récompenser les actions individuelles, les parcours professionnels et sociaux, l'esprit civique Français, le sens de l'intérêt commun.
Cet insigne à vocation universelle se veut mettre en exergue les mérites militaires, civil, économique, scientifique, éducatif, artistique, sportive, juridique, diplomatique… Une certaine reconnaissance de la nation !
Il se retrouve donc ce soir de Décembre convié à cette émouvante cérémonie en la salle des états de la Mairie d'Alès (Gard).
Elle est orchestrée sous la
présidence de Mr Germain Pialet (G.I.G. Officier de la Légion d’Honneur,
Commandeur de l’ordre National du mérite, CCV, Ancien combattant d’AFN,
Officier des Palmes Académiques, Président des SMLH d’Alès).
A noter la
présence de Messieurs Olivier Delceyrou (Sous-Préfet d’Alès), Mr. Max Roustan
(Maire d’Alès), le député Mr Verdier, le Lt.Col. Thierry Marc (Chef du C.S.P.
d’Alès), le Lt.Col. Valette (président
de l’union des ancien Sapeurs-Pompiers du Gard), le Lt. Yves Fages représentant
le Lt. Alexis Piette (Président de l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers
du Gard), de nombreux amis et collègues.
Nommé à la promotion du 14
Juillet 2016, sa carrière fut jalonnée de différentes étapes en situation
particulière. Il est né en 1918 à Paris ou il commence sa scolarité dans le 14ème
arrondissement puis, arrivé dans le sud, il clôture sa scolarité par un
certificat d’étude. Il commence très jeune par travailler dans les mines de
charbon jusqu’en 1938. Il est appelé sous les drapeaux le 07 novembre pour 24
mois au 173 R.I. Alpine d’Ajaccio jusqu’en Mai 1940.
Au tout début du deuxième grand
conflit, il est immédiatement envoyé dans la Somme puis est blessé au visage
par une mitrailleuse le 3 Juin 1940.
Son régiment est déplacé en direction de
l’offensive Allemande à Concevreux (Alsace), essuyant de lourdes pertes il est
fait prisonnier. Interrogé, conduit dans le camp 7 et va travailler près de Berlin.
Alors qu’il est sous bonne garde et marche vers la Belgique, une évasion germe
dans sa tête, une première en Belgique repris peu de temps après une autre vers
le Luxembourg dans un wagon à bestiaux.
Encore et à nouveau capturé il devient
travailleur forcé dans une ferme puis s’évade vers la Suisse. Il tombe aux
mains de l’ennemi à Breezgens au détour d’une rue, punis et envoyé au Stalag
7/40 fortifié et réservé aux évadés.
Il découvre Rawa-Ruska et y reste 11
jours. Conduit à Munich les gardes recherchaient un chanteur pour une pièce de
théâtre, volontaire, il s’échappe avant de rentrer en scène, prend le train,
Cologne, Pithiviers avant sont arrivé à Vervier, stopper au coin d’une rue il
subit un interrogatoire musclé.
Il est désormais malade et affecté par le froid
emprisonné puis envoyé à nouveau à Rawa-Ruska Fronstalag 325 (ce camp dit de
« la goutte d’eau » fait partie du malheureux triangle de la
mort, il n’est ni un camp de
concentration ou d’extermination, mais
un camp de représailles réservé uniquement aux prisonniers de guerre évadés ou
indisciplinés ).
Il se trouve embarqué dans des wagons à bestiaux durant 7
jours dans des conditions indescriptibles (la température est de – 40 °C à
cette période en Ukraine). Cinq mois s’écoulent, il est transféré aux travaux
forcés sur les réseaux routier et ferroviaire vers la Russie.
L’avancée
inexorable de l’armée Russe oblige à déplacer les prisonniers. Il est alors
chargé de la maintenance dans une fabrique de papier ou il sabote de nombreuse
machines puis, s’échappe à nouveau. Il est récupéré en Saxe par des soldats
Américains puis se pose dans un Dacota à Paris le 3 Mai 1945.
Il devient Sapeur-pompier
volontaire le 1er Avril 1949 puis permanent en 1969, il gravira tous
les échelons hiérarchique, S/Lieutenant en 1962, Lieutenant en 1966 et fera
valoir ses droits à la retraite en 1979, après 31 années de service.
A 98 ans, le Cne. honoraire André
Servières est médaillé comme interné résistant à Rawa-Ruska, Combattant
Volontaire Résistant, Médaille des évadés, Croix des combattants volontaires,
Médaille d’or de la Fédération nationale des Sapeurs-Pompiers de France,
médaille de bronze , argent pour acte de courage et dévouement et, trois lettres de félicitations.
Avec une grande fierté et au
terme des discours, Il prend la parole et, mêlée aux pensées adressées à ses
camarades d’infortune disparus et parfois oubliés.
C’est avec une immense
émotion qu’il adresse à tous ceux qui sont venus lui rendre cet honneur ce soir
là.
« Un grand merci à tous,
malgré tout je n’ai fait que mon devoir ».
Compte rendu: Lt Christophe Ribier / CS Uzès - Photos: Stéphane Thierry / correspondant auiovisuel 30 / cs Alès - Mise en ligne: SDIS 30 audiovisuel